Abstract
À coup sûr, nous croyons tous vivre des premières fois. Que ce soit un
baptême de l’air, le premier numéro d’une revue, un premier livre publié ou
même une première relation sexuelle, nous sommes persuadés que notre vie
est parsemée de premières fois et même rythmée par celles-ci. Nous pourrions
d’ailleurs tout à fait imaginer un récit de notre vie basé sur toutes nos
premières fois. Mais la première fois ne se présente pas uniquement sur le
mode du « sentiment de la première fois » puisqu’elle a été à maintes reprises
posée dans les philosophies les plus académiques et les plus admirées. Bien
que pensant sur des horizons philosophiques totalement différents, nombreux
sont les philosophes faisant une utilisation abondante de concepts y renvoyant.
Nous pourrions penser là au concept d’origine qui s’impose à la fois dans les
théologies chrétiennes les plus dogmatiques mais aussi dans la philosophie de
Deleuze qui pense bien l’activité philosophique elle-même comme une
création de concepts. Il faudrait aussi penser aux philosophies obsédées par les
concepts d’original et de double, comme le sont l’idéalisme platonicien le plus
strict mais aussi paradoxalement le matérialisme de Rosset. C’est aussi le cas
enfin dans tout un versant de la philosophie française qui s’écrit aujourd’hui à
l’aune du concept d’événement, comme la phénoménologie d’inspiration
catholique de Marion, ou la philosophie d’inspiration maoïste de Badiou. De
toutes parts donc, la première fois hante la pensée et étend son emprise dans
des systèmes philosophiques que pourtant tout oppose. Relevant du sentiment
tout autant que de la pensée, ce fantasme de l’origine est ainsi celui qui à la
fois se donne dans le raffinement conceptuel le plus poussé et dans les
souvenirs les plus archaïques puisque ce fantasme de l’origine est peut-être le
plus vieux de l’humanité : celui du non-souillé, de l’hymen non-rompu, c’està-dire
in fine le fantasme de la virginité.
baptême de l’air, le premier numéro d’une revue, un premier livre publié ou
même une première relation sexuelle, nous sommes persuadés que notre vie
est parsemée de premières fois et même rythmée par celles-ci. Nous pourrions
d’ailleurs tout à fait imaginer un récit de notre vie basé sur toutes nos
premières fois. Mais la première fois ne se présente pas uniquement sur le
mode du « sentiment de la première fois » puisqu’elle a été à maintes reprises
posée dans les philosophies les plus académiques et les plus admirées. Bien
que pensant sur des horizons philosophiques totalement différents, nombreux
sont les philosophes faisant une utilisation abondante de concepts y renvoyant.
Nous pourrions penser là au concept d’origine qui s’impose à la fois dans les
théologies chrétiennes les plus dogmatiques mais aussi dans la philosophie de
Deleuze qui pense bien l’activité philosophique elle-même comme une
création de concepts. Il faudrait aussi penser aux philosophies obsédées par les
concepts d’original et de double, comme le sont l’idéalisme platonicien le plus
strict mais aussi paradoxalement le matérialisme de Rosset. C’est aussi le cas
enfin dans tout un versant de la philosophie française qui s’écrit aujourd’hui à
l’aune du concept d’événement, comme la phénoménologie d’inspiration
catholique de Marion, ou la philosophie d’inspiration maoïste de Badiou. De
toutes parts donc, la première fois hante la pensée et étend son emprise dans
des systèmes philosophiques que pourtant tout oppose. Relevant du sentiment
tout autant que de la pensée, ce fantasme de l’origine est ainsi celui qui à la
fois se donne dans le raffinement conceptuel le plus poussé et dans les
souvenirs les plus archaïques puisque ce fantasme de l’origine est peut-être le
plus vieux de l’humanité : celui du non-souillé, de l’hymen non-rompu, c’està-dire
in fine le fantasme de la virginité.
| Original language | French |
|---|---|
| Pages (from-to) | 1 |
| Number of pages | 14 |
| Journal | Convergences francophones |
| Volume | 1 |
| Issue number | 1 |
| State | Published - 2 Jun 2014 |